« Depuis mon enfance, je suis passionné de politique. Très jeune, je milite comme centriste et assez naturellement, je deviens élu. D'abord comme adjoint au maire puis député et vice-président du Conseil départemental. Même encore aujourd'hui, avec ce qui m'est arrivé, je considère que c'est un engagement noble et j'encourage les jeunes à s'investir, au service des autres et du bien commun.
Je suis marié et père de quatre enfants. Je suis catholique pratiquant. Ma Foi m'a aidé à traverser toutes mes récentes épreuves mais elle m'a appris aussi la tolérance.
En 2014, après des années de divisions à Saint-Etienne, je me suis uni à Gaël Perdriau pour que nous puissions gagner la ville. Sans moi, il n'aurait jamais été maire. Dès le lendemain de son élection, il s'interroge, avec son directeur de cabinet, Pierre Gauttieri, pour trouver la meilleure façon de m'éliminer. Avec la complicité de l'adjoint à l'éducation, Samy Kéfi Jérome et de son compagnon de l'époque, Gilles Rossary Lenglet, ils élaborent un "barbouzage de moeurs".
En janvier 2015, j'effectue, avec Samy Kéfi Jérome un déplacement à Paris, pour défendre un dossier municipal. De retour à l'hôtel, réservé par la mairie, il m'appelle dans sa chambre pour que je vienne le récupérer, avant d'aller dîner. Je n'ai aucune raison de me méfier car il a su méthodiquement gagner ma confiance, en rejoignant, quelques années auparavant, mon parti politique et en venant régulièrement chez moi. Toute ma famille l'apprécie. Dans la chambre, se trouve un de ces soit-disant "ami". Nous discutons, il me fait boire. Je ne me souviens de rien. J'ai peut-être été drogué.
En septembre 2016, ce même élu me révèle l'existence d'une vidéo intime tournée à mon insu, vingt mois plus tôt, dans cette chambre d'hôtel. J'apprends alors que le fameux "ami" était un escort boy payé pour me piéger. C'est à ce moment-là que commence un odieux chantage. "Nous vous tenons en laisse" me dit-on.
Très vite, j'en parle au maire de Saint-Etienne qui m'écoute poliment mais ne fait rien. Pire, en marge d'une réunion de la majorité au cours de laquelle apparaît un petit différent politique, il me menace de diffuser les fameuses images. S'en suit un calvaire de plusieurs années. Chaque lundi, dans son bureau, quel que soit le sujet évoqué, je subis une torture morale. Je suis désespéré, tétanisé. Je ne peux en parler à personne car j'imagine qu'on ne me croira pas. A plusieurs reprises, j'envisage de mettre fin à mes jours pour abréger cette souffrance et surtout ne jamais vivre la honte de voir ces images balancées sur les réseaux sociaux ou ailleurs. Bien décidé à "en finir", j’enregistre le maire et son directeur de cabinet lors d'une des nombreuses séances où s'exercent des menaces en lien avec la vidéo. Je veux en fait laisser une trace à ma famille, dans l’hypothèse où je commettrais un acte irréparable. Dans ces enregistrements, on les entend, entre autres, envisager d'envoyer les images intimes aux parents des enfants qui sont dans les mêmes classes que les miens. Ils espèrent qu'ils seront ainsi harcelés. Cet entretien glacial se conclue par ses mots : "Vos enfants ne s'en remettront pas".
Le temps passe. Je ne vis plus. Je ne dors plus. Mes amis ne me reconnaissent pas. Ma famille s'inquiète. Je pense devoir vivre cet enfer, jusqu'à la fin de mes jours... et les humiliations continuent. Après notre réélection en 2020, je suis injustement mis sur la touche, viré, en mai 2022, de mes fonctions de 1er adjoint. Je ne dis mot.
En août 2022, Mediapart dévoile l'affaire avec toutes les preuves de la machination et du guet-apens. J'apprends qu'il y a eu détournements de fonds. Des subventions auraient été versées pour des prestations fictives, afin de payer mes bourreaux. Le scandale est national.
La justice s'empare de l'affaire après ma plainte. Les protagonistes sont en garde à vue puis mis en examen.
Je sais que je ne serai pas libéré de cette histoire avant plusieurs mois, voire années, jusqu’au procès. Je puise ma force dans le soutien de ma famille, de mes vrais amis, des Stéphanois et des anonymes de toute la France. Je m’investis dans un nouveau travail, à Albi, où, entouré de personnes bienveillantes, je me sens utile. Enfin, ce qui me motive aussi aujourd’hui, c’est la volonté d’aider ceux qui ont vécu ou vivent la même chose que moi. »